Faune aperçu


« Mentalement les matières se dessinent face à moi : le béton brut granuleux comme éternellement figé absorbant le peu de lumière, les meubles en bois doré, du chêne ciré peut-être, et les commodes à tiroirs en tôle grise martelée qui me rappellent les déambulations au laboratoire. En avançant, les mots m’interpellent : ceux des affiches défraîchies, des livres ou des notes insolites griffonnées, je les combine, note les inconnus, les relie aux drôles d’appareils imaginés pour démontrer l’insaisissable : une tôle de Chladni, un pendule de Foucault, un oscilloscope à hublot ou un orgue à ondes. Je repère notre biologiste, elle est totalement concentrée par la minutie de sa tâche, elle a dû déjà repérer les premiers signes de faunes, des restes de mulots ou d’araignées, sûrement la plupart mortes asphyxiées dans leur propre toile. Elle numérote, prélève, numérise les scènes, persuadée de nous convaincre de l’hostilité des lieux. Moi je ne les perçois jamais, le lieu ne me paraît pas si hostile, plutôt habité par des âmes perdues de scientifiques errant à la recherche de la bonne référence de l’article. »                        

        extrait du journal de bord

Le dos des cimaises argileuses de Shams arborent des araignées tigrées, des mouches emprisonnées, des toiles géantes éclairant des fenêtres. Au milieu, sous un globe de verre, deux prédateurs invertébrés arthropodes se font face, alimentés avec soin par notre biologiste.

 

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Les explorateurs échangent leur impression sur cette faune cachée qui est ici exaltée par l’objectif zoom. Les avis sont partagées en terme variés, certains s’inquiètent de la survie des deux araignées sous le verre.

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Mais aucun ne mentionnera les mouches – pourtant la plus grande toile.