« C’est Albert Encaoua, gestionnaire des âmes universitaires depuis 40 ans, rencontré par hasard dans les locaux du gardien du patio qui m’a confié les clefs de la salle d’évolution du Berthollet. Les âmes souvent totalement égocentriques de chercheurs nommés ces 4 derniers siècles apprennent à recentrer leur énergie d’une taille plus proportionnée à leurs connaissances, afin d’être reclassées dans les manuscrits et serveurs du campus. L’expérience consiste à suivre un parcours voté par la commission transparente du ministère sous la proposition du groupe de travail pour la préservation des noèses académiques. Les âmes promues arrivent comprimées dans des bouteilles. Le parcours comprend un transfert via un gaz vecteur dans un tube entonnoir qui, par effet vortex déconcentre au maximum la force pour produire un noème oscillant. Un nombre important éclate avant la fin du tube, engendrant une explosion du verre et son éparpillement secondaire. La réglementation impose dans ces salles aucune prise apparente, pour éviter les pertes de cohérence via le réseau filaire. Des toiles élastiques labellisées sont placées devant chaque ouverture pour freiner les projectiles. La matérialisation est complexe, la plupart des âmes réussissent rapidement à se concentrer sous forme de grains appelés vulgairement poussière. Cette forme leur permet alors de naviguer librement consulter documents, laboratoires et surfaces humaines. La neuro-injection intuitive des connaissances n’est qu’une conséquence de la dualité onde-corpuscule. »
extrait du journal de bord
5 portraits régnent sur les couloirs de l’administration du musée :
Francoise, la ‘conservatrice’ du petit musée de l’université Lyon1, qui récupère, restaure et fait vivre les anciens dispositifs de physique – elle nous a accueilli dans notre toute première expédition et un grand nombre d’équipements sont issus de sa collection.
Monsieur Enay, chercheur géologue émérite, retraité depuis plus de 20 ans, rencontré par hasard dans les archives de géologie, une liasse de publications et de rapports sous le bras – après une heure de cohabitation, lui dans la partie éclairée à noter des références, nous dans le noir à explorer, il est venu discuter souriant et amusé.
Le fauteuil de Mr Thoral, trônant dans une bibliothèque souterraine, que nous avons pu authentifier par la lecture d’un post it : le post it reste un moyen de légender privilégié par les géologues.
Notre exploratrice perdue, absente de l’odyssée, plusieurs interprétations sont évoquées sur sa disparition, nous préférons ne pas nous prononcer en attente de preuves supplémentaires.
Le portrait sans cadre ou le cadre sans portrait choisi parmi une série de cadres vides de portraits sans nom et de verre brisé – cette série semble être le kit pour illustrer les laboratoires des directeurs successifs, nous l’avons retrouvée, cachée ou classée derrière des rayonnages mobiles d’archives.
Les explorateurs de l’Odyssée par le test de la salive ont ressenti comme plus intense la présence du fauteuil de Mr Thoral. Un explorateur l’avait même connu !